Page:Marx - Misère de la philosophie.djvu/117

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marquée » déjà dans la « période patriarcale », et autres circonlocutions du fait même, qui augmentent la difficulté, puisqu’elles multiplient le fait, en multipliant les incidents que M. Proudhon fait survenir pour expliquer le fait. M. Proudhon n’a pas encore épuisé toutes les raisons prétendues économiques. En voici une d’une force souveraine, irrésistible :

« C’est de la consécration souveraine que naît la monnaie : les souverains s’emparent de l’or et de l’argent et y apposent leur sceau. »

Ainsi le bon plaisir des souverains est, pour M. Proudhon, la raison suprême en économie politique !

Vraiment, il faut être dépourvu de toute connaissance historique pour ignorer que ce sont les souverains qui, de tout temps, ont subi les conditions économiques, mais que ce ne sont jamais eux qui leur ont fait la loi. La législation tant politique que civile ne fait que prononcer, verbaliser le pouvoir des rapports économiques.

Le souverain s’est-il emparé de l’or et de l’argent, pour en faire les agents universels d’échange, en y imprimant son sceau, ou ces agents universels d’échange ne se sont-ils pas plutôt emparés du souverain en le forçant à leur imprimer son sceau et à leur donner une consécration politique ?

L’empreinte qu’on a donnée et qu’on donne à l’argent ce n’est pas celle de sa valeur, c’est celle