Page:Marx - Misère de la philosophie.djvu/240

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un compte pompeux et détaillé des discours qu’on y avait prononcés. Il va sans dire que c’étaient les contre-maîtres qui prononçaient ces discours. Les feuilles de Londres les reproduisaient littéralement. M. Proudhon a le malheur de prendre les contre-maîtres pour des ouvriers ordinaires et leur enjoint l’ordre de ne pas passer le détroit.

Si en 1844 et en 1845 les grèves frappaient moins les regards qu’auparavant, c’est que 1844 et 1845 étaient les deux premières années de prospérité qu’il y eût pour l’industrie anglaise depuis 1837. Néanmoins, aucune des trades-unions n’avait été dissoute.

Entendons maintenant les contremaîtres de Bolton. Selon eux les fabricants ne sont pas les maîtres du salaire, parce qu’ils ne sont pas les maîtres du prix du produit, et ils ne sont pas les maîtres du produit parce qu’ils ne sont pas les maîtres du marché de l’univers. Par cette raison ils donnaient à entendre qu’il ne fallait pas faire des coalitions pour arracher aux maîtres une augmentation de salaires. M. Proudhon, au contraire, leur interdit les coalitions de crainte qu’une coalition ne soit suivie d’une hausse de salaires, qui entraînerait une disette générale. Nous n’avons pas besoin de dire que sur un seul point il y a entente cordiale entre les contremaîtres et M. Proudhon : c’est qu’une hausse de sa-