Page:Marx - Révolution et contre-révolution en Allemagne.djvu/35

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rières à peu près infranchissables de la naissance, ou d’une position sociale figée et immuable ; la puissance et l’influence de toutes ces castes ou « États du royaume » se balançant si exactement que le roi gardait une entière indépendance d’action — tel était le beau idéal que Frédéric-Guillaume IV avait entrepris de réaliser et que, de nouveau, il tenta de réaliser à ce moment.

La bourgeoisie prussienne, peu au courant des questions politiques, mit quelque temps à découvrir la véritable portée de la tendance de leur roi. Mais ce qu’elle ne tarda pas à remarquer, c’est que le roi avait à cœur des choses qui étaient tout l’opposé de ce qu’elle désirait. Dès que la mort de son père lui eut délié la langue, le nouveau roi s’empressa de proclamer ses intentions dans des discours sans nombre, et chacun de ses discours, de ses actes, ne faisait que lui aliéner les sympathies de la bourgeoisie. De cela il aurait bien pris son parti, si de dures et alarmantes réalités n’étaient venues interrompre ses rêves poétiques. Hélas le romantisme ne se connaît pas en calcul et la féodalité depuis Don Quichotte compte sans son hôte. Frédéric-Guillaume IV partagea trop ce mépris pour l’argent comptant qui a toujours été le noble apanage des