Page:Marx et Engels - Le manifeste communiste, I.djvu/31

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res. Le bon marché de ses produits est la grosse artillerie à l’aide de laquelle elle bat en brèche toutes les murailles de Chine, à l’aide de laquelle elle contraint à capituler les barbares les plus obstinés dans leur haine de l’étranger. Elle force toutes les nations du globe à adopter, sous peine de périr, son propre mode de produire ; elle les force à introduire chez elles-mêmes ce qu’on nomme civilisation, c’est-à-dire à devenir elles-mêmes bourgeoises. En un mot, elle se façonne un monde à son image.

10. La bourgeoisie a fait la ville maîtresse souveraine de la campagne. Elle a créé des villes énormes, elle a multiplié le peuple des villes infiniment plus que la population des campagnes, et elle a ainsi arraché une part importante de la population à la stupidité de la vie rurale. De même qu’elle a soumis la campagne à la ville, elle a mis les pays barbares ou à demi barbares dans la dépendance des pays civilisés, les peuples de paysans dans la dépendance des peuples de bourgeois, l’Orient dans la dépendance de l’Occident.

11. La bourgeoisie met fin de plus en plus à l’émiettement des moyens de production, de la propriété, de la population. Elle a aggloméré la population, centralisé les moyens de production, concentré la propriété en un petit nombre de mains. Le corollaire fatal, ce fut la centralisation politique. Des provinces indépendantes, à peine fédérées entre elles, ayant chacune leurs intérêts, leur législation, leur gouvernement, leurs douanes, furent serrées et pétries en une