Page:Marx et Engels - Le manifeste communiste, I.djvu/61

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formule des méthodes d’exploitation bourgeoise, ils oublient de dire que leur exploitation s’entourait de circonstances et de conditions différentes elles aussi de celles d’aujourd’hui, et qui ne sont plus. Quand ils démontrent que, du temps de leur suprématie, il n’y avait pas de prolétariat, ils oublient d’ajouter que la bourgeoise moderne a fleuri nécessairement de l’ordre social féodal.

57. Au demeurant, ils ne dissimulent pas la tendance réactionnaire de leur critique ; et ce dont ils accusent principalement la bourgeoisie est, au contraire, d’amener, par son règne, le développement d’une classe qui fera crouler tout l’ancien ordre social.

Ce dont ils accusent la bourgeoisie, c’est moins encore d’enfanter un prolétariat que d’enfanter un prolétariat révolutionnaire.

C’est pourquoi, en politique, ils s’associent à toutes les mesures de violence contre la classe ouvrière. Et dans leur vie privée, en dépit de leur phraséologie pompeuse, ils ne se dédaignent pas de ramasser les pommes d’or du crottin industriel. À la loyauté, à la fidélité, à l’honneur féodal, ils savent substituer l’âpre trafic de la laine, des betteraves, de l’eau-de-vie.

58. Les prêtres sont toujours allés de pair avec les féodaux. Ainsi le socialisme clérical va de pair avec le socialisme féodal.

Rien de plus aisé que de donner une teinte socialiste à l’ascétisme chrétien. Le christianisme ne s’est-il pas élevé, lui aussi, contre la propriété privée, contre le mariage, contre