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II


Sur le programme agraire du chartisme. — Il nous semble qu’un article, antérieur au précédent, inséré dans la Réforme du 1er novembre 1847, et d’un style très teinté de germanisme, compléterait à merveille les indications données par Engels sur le chartisme, dans son livre sur la Situation des classes laborieuses en Angleterre. Il suffit de ne pas attacher trop d’importance à l’indication qui attribue à l’article une provenance londonienne. Cette indication servait surtout, pensons-nous, à authentiquer les renseignements que l’article apportait. Engels, à la date du 1er novembre 1847, devait être à Paris. Mais les renseignements fournis par l’article sont résumés d’après le Northern Star, où Engels écrivait et qu’il recevait.

On nous écrit de Londres :

Il y a environ deux ans que les ouvriers chartistes ont fondé une association dont le but est d’acheter des biens-fonds et de les répartir en petites fermes parmi les membres[1]. On espère diminuer, de cette manière, la concurrence excessive que se font les ouvriers manufacturiers entre eux-mêmes[2], en écartant du marché du

  1. Engels avait signalé dans son livre sur les Classes laborieuses en Angleterre (2e éd. 1892, p. 238), le programme chartiste de la parcellation des terres (allotment-system). Tout en montrant que « la grande industrie en a déjà une fois triomphé », il ne contestait pas que « malgré l’apparence réactionnaire » des moyens de réforme proposés, le chartisme ne dût « inévitablement se rapprocher du socialisme ».
  2. « La concurrence des ouvriers entre eux, écrivait Engels dans le même livre, p. 78, est l’arme la plus redoutable dont dispose la bourgeoisie contre le prolétariat. D’où l’effort des ouvriers pour enrayer cette concurrence par des associations, et la fureur de la bourgeoisie contre ces associations. »