Page:Marx et Engels - Le manifeste communiste, II.djvu/147

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sait de fonder (§ 42). Mais n’est-ce pas elle que le capitalisme a constamment extirpée ? À quelque degré, la propriété artisane et paysanne est une telle propriété issue du travail personnel. N’est-ce pas la concurrence capitaliste qui l’abolit ? Le communisme, sans hostilité contre cette menue propriété se borne à en décrire la faiblesse économique, à en prédire la ruine sûre.

Dira-t-on que la propriété capitaliste est acquise par le travail ? À coup sûr, mais non pas par le travail du capitaliste. C’est ici le cas de bien saisir la dialectique matérialiste. Elle consiste à montrer dans la propriété bourgeoise ce qu’elle est réellement : une forme des relations de droit entre les hommes, transitoire comme toutes les formes antérieures, et reposant, comme dans le passé, sur un antagonisme qu’il faut décrire. La thèse et l’antithèse, qui étaient logiques en d’autres systèmes, sont des forces réelles et hostiles dans le système tout historique de Marx et d’Engels ; et la synthèse non plus ne se bornera pas à une transaction d’idées. Elle consistera en une abolition réelle de l’antagonisme dans une société à venir[1].

Le capitalisme est un système de relations entre les hommes qu’ils adoptent pour produire. L’utilisation de toute force productive suppose ainsi des liens sociaux entre ceux qui l’utilisant : un lien de dirigeant à dirigé, un lien de participation au produit, une répartition préexistante des propriétés. C’est cet ensemble de

  1. Marx. Anti-Proudhon, p. 141, 153-155.