Page:Marx et Engels - Le manifeste communiste, II.djvu/163

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doctrines sociales incessamment reparaissent avec une opiniâtreté séculaire. Est-ce le signe qu’il y réside une « vérité éternelle »? C’est le signe que des intérêts similaires dominent en des sociétés successives. Toutes les sociétés jusqu’ici ont reposé sur l’exploitation de l’homme par l’homme. Quoi d’étonnant, si elles inventent des idéologies d’oppression et d’humilité qui se ressemblent ? ou qu’elles empruntent aux classes dirigeantes des sociétés disparues leur doctrine de domination ? Ainsi, la bourgeoisie française d’aujourd’hui imite, dit Marx, le catholicisme des barons féodaux. Mais le prolétariat, en regard, reprend et complote la tradition révolutionnaire de la libre-pensée, jadis bourgeoise. Cette pensée n’est pas encore construite, mais elle s’élabore. C’est le matérialisme historique. Il conçoit les lois de l’univers matériel et social moins comme des formules qui en décrivent la constitution intérieure que comme des recettes propres à nous dire par où nous avons prise sur lui, « Il ne s’agit pas de comprendre le monde, mais de le changer.[1] »

52-54. Les mesures de transition à la république sociale. — Le changement éminent, par lequel se couronne toute l’évolution technologique, sociale et idéologique, est l’affranchissement du prolétariat.

On en a vu plus haut les premières démarches (§ 32). En supposant arrivée cette période de révolution en permanence, où une dictature prolétarienne, officieuse ou officielle, tiendrait

  1. Marx. Thèses sur Feuerbach, § 11.