Page:Marx et Engels - Le manifeste communiste, II.djvu/208

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terre prise sur les biens nationaux ! »[1] À chaque paysan devait échoir l’usufruit viager d’une parcelle prise sur le domaine national. Les paysans ruthènes ne comprirent rien au manifeste et, fanatisés par Metternich, massacrèrent leurs seigneurs polonais. Toutefois il est acquis à jamais que la question polonaise ne pourra se résoudre qu’avec le programme de Cracovie. Elle se résoudra le jour où la démocratie des autres pays de l’Europe aura conquis la République sociale.

Sur la révolution allemande, la pensée des communistes semble avoir été très divisée. Que l’Allemagne fût à « la veille d’une révolution bourgeoise », Marx l’affirmait nettement ; mais de quels adversaires cette révolution devait-elle avoir raison ? Marx pensait-il aussi que « cette révolution serait le prélude d’une révolution prolétarienne » ? Cela est moins sûr. Au moment même du Congrès communiste, il dit que « c’est en Angleterre que commencera, selon toute probabilité, le combat qui se terminera par le triomphe universel de la démocratie ». N’est-ce pas en Angleterre que « l’antagonisme entre le prolétariat et la bourgeoisie est le plus développé » ?[2] Cependant, dans son article célèbre sur la Philosophie hégélienne du droit (1844), n’avait-il pas dit que l’Allemagne ne pourrait plus faire une révolution partielle, parce que la

  1. Garnier-Pagès, Histoire de la Révolution de 1848, t. II, p. 170. Paris, 1861.
  2. V. les discours de Marx et d’Engels à Londres sur la question polonaise. Appendice au Manifeste, p. 77 sq.