Page:Marx et Engels - Le manifeste communiste, II.djvu/28

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presse qu’à tenter un coup de main[1]. Les dénonciations calomnieuses semées par les Phalanges, et qui l’eussent rendu suspect à la longue, lui forcèrent la main en mai 1839 ; il dut agir, et la Fédération des Justes, que ne liait plus cependant l’obéissance passive, le suivit par solidarité. Aussi bien elle-même avait-elle été flottante ; et Weitling a toujours hésité entre la propagande pacifique et la révolution sanglante. Ce fut lui que la fédération chargea en 1838 de rédiger un manifeste. Ainsi fut écrite la brochure sur l’Humanité telle quelle est et telle qu’elle devrait être[2] ; elle est la devancière véritable du Manifeste communiste, on l’imprima clandestinement à 2.000 exemplaires. Il a, lui aussi, pour une part, fixé la tradition d’où est sorti le Manifeste de Marx et d’Engels.

Weitling n’était pas encore arrivé en 1838 à cette théorie complexe et d’essence fouriériste qui lui permit de construire en 1842 ses Garanties de l’Harmonie et de la Liberté. On ne peut méconnaître l’esprit babouviste dont la Fédération des Justes imprégna son premier livre.

Ce qui le froisse, c’est la répartition inégale des travaux et des richesses, qui fait que l’ouvrier travaille nuit et jour, et que les magasins regorgent de ses produits, tandis que seul il est privé des denrées les plus indispensablement

  1. V. Tchernoff. Le Parti républicain sous la monarchie de juillet. P. 375-388.
  2. Nous citons d’après la réédition publiée dans la Sammlung gesellschafts-wissenschaftlicher Aufsätze, par Eduard Fucus, Munich, 1895.