Page:Marx et Engels - Le manifeste communiste, II.djvu/60

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révolution n’est possible que dans les périodes où les forces de production modernes entrent en conflit avec les formes de la production bourgeoise. » Or les années qui suivirent 1848 furent marquées par une prospérité industrielle sans égale. Il manquait à la révolution projetée la première de ses conditions : un prolétariat acculé au chômage et disposé à combattre. Marx mûrit en lui cette opinion et finit par l’exprimer[1]. Il ajoutait que, même en cas de révolution, le prolétariat ne serait pas prêt à prendre le pouvoir. Aussitôt les mystiques de la révolution et les sentimentaux sans critique de se déclarer ses ennemis.

Willich, qui fut de ceux-là, en vint à soutenir que, pour Marx et sa clique, « les ouvriers étaient des zéros ». Des scènes violentes les mirent aux prises. Carl Schapper, récemment débarqué, se joignit à Willich. Pour en finir, la majorité marxiste, où figuraient Engels, Schramm, Liebknecht, H. Bauer, Eccarius et Pfænder, décida, le 15 septembre 1850, que le Comité central était transporté à Cologne. Elle déclara abolis les statuts de la Fédération et chargea le Comité central futur d’en proposer d’autres. Willich alors, avec ses adhérents Schapper, Frænkel et Lehmann, quitta la séance, en appela aux électeurs du cercle de Londres et constitua un Comité central londonien entièrement composé de ses partisans.

  1. K. Marx, Die Klassenkämpfe in Frankreich 1848 bis 1850, p. 103.