Page:Marx et Engels - Le manifeste communiste, II.djvu/69

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ration des Justes, au nom de laquelle Weitling l’avait prêchée[1] ? Nous ne devons pas oublier que le Congrès communiste, qui donna mandat à Marx et à Engels de rédiger leur Manifeste, recueilli l’esprit de ces fédérations dissoutes. Mais les Bannis, affiliés à la Société des Droits de l’Homme, et les Justes, affiliés à la Société des Saisons, étaient imbus comme ces sociétés françaises de la tradition babouviste.

Le Manifeste des Égaux avait stigmatisé dès 1796 le scandale qui fait qu’à travers toute l’histoire « la très grande majorité des hommes travaille et sue au service et pour le bon plaisir de l’extrême minorité ». Il avait réclamé avec emphase que disparussent « les distinctions révoltantes de riches et de pauvres, de grands et de petits, de maîtres et de valets, de gouvernants et de gouvernés ». Et ce Manifeste, prototype de tous les manifestes socialistes et du Manifeste communiste lui-même, Buonarroti l’avait réédité dans son livre de la Conspiration pour l’Égalité dite de Babeuf (1828), qui fut le catéchisme des partis révolutionnaires sous Louis Philippe[2]. C’est Buonarroti encore, qui dans son résumé des doctrines du comité babouviste qui se réunissait chez Amar, peu de temps avant la conspiration, montrait que « jamais société civile ne put faire disparaître de son sein cette foule d’hommes qu’aigrit et rend malheureux l’idée des biens dont ils sont privés. Partout la

  1. V. plus haut, p. 25 sq.
  2. Buonarroti. Histoire de la Conspiration pour l’Égalité, t. II, p. 133.