Page:Marx et Engels - Le manifeste communiste, II.djvu/71

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l’homme par l’homme. Mais il touché parfois à la terminologie marxiste elle-même quand il nous montre, dans les premiers stades de l’histoire, « les hommes partagés en deux classes, les exploitants et les exploités, les maîtres et les esclaves », quand, il montre que « la condition respective où se trouvaient dans le passé les maîtres et les esclaves, les patriciens et les plébéiens, les seigneurs et les serfs… se continue à un très haut degré dans les relations des propriétaires et des travailleurs[1] ».

Le tour oratoire par lequel les conflits sociaux de toutes les époques sont présentés comme le retour du même antagonisme entre classes exploiteuses et classés exploitées devient alors un des procédés coutumiers de la rhétorique socialiste[2]. Le socialisme philosophique allemand, vilipendé par Marx (§ 62-66), n’en a pas moins eu, avant lui, la perception distincte du rôle de la lutte des classes dans l’histoire. « L’histoire, disait Karl Grün, dans son traité de la Civilisation vraie (Ueber wahre Bildung, p. 22), en 1844, n’a été jusqu’à ce jour

  1. Bazard, pp. 114-123.
  2. C’est à l’école de Saint-Simon que se rattache l’économiste Blanqui lorsque, antérieurement encore à Bazard, en 1825, il se livre aux réflexions suivantes, signalées par Tcherkesoff, Pages d’histoire socialiste, p. 40 : « Je suivis pas à pas les grands événements. Il n’y a jamais eu que deux partis en présence : celui des gens qui veulent vivre de leur travail et celui des gens qui veulent vivre du travail d’autrui… Patriciens et plébéiens, esclaves et affranchis, guelfes et gibelins, roses rouges et roses blanches, cavaliers et têtes rondes, libéraux et serviles, ne sont que des variétés de la même espèce. »