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ramifications. La naissance, les richesses et tous les avantages extérieurs qui élèvent l’homme au-dessus de ses compagnons, sans que l’esprit y ait aucune part, finissent par le ravaler au-dessous d’eux : on épie sa foiblesse, on le cajole jusqu’à ce que, à force de s’enfler, il ait perdu toutes les traces de l’humanité. Que les différentes races d’hommes se laissent conduire comme des troupeaux de moutons, c’est un contre-sens qu’on ne peut expliquer que par la foiblesse de l’entendement et les séductions de l’imprévoyance. Elevés dans une dépendance servile, énervés par le luxe et la paresse, où trouverons-nous des êtres assez intrépides pour assurer les droits de l’homme, pour réclamer ce privilège de la raison qui, pour s’élever, n’a qu’une voie !

Le despotisme des Rois et des ministres n’est-il pas encore là pour étouffer les progrès de l’esprit humain ?

Ne souffrez donc pas que les hommes, dans l’orgueil de leur pouvoir, employent, pour le perpétuer, les mêmes raisonnemens que les tyrans et les ministres qui leur sont vendus ; qu’ils assurent traitreusement que