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universelle ; si les hommes sont de demi-dieux, pourquoi souffrent-ils que nous les servions ? Si la dignité de l’ame féminine, est aussi équivoque que celle des animaux ; si, pour se conduire, les Femmes n’ont ni la raison, ni l’instinct, elles sont certainement les plus misérables de toutes les créatures : courbées sous le joug de fer du destin, elles doivent se résigner à n’être qu’un joli défaut dans la création ; mais il seroit bien difficile au casuiste le plus subtil, de trouver quelque bonne raison, pour justifier la providence d’avoir voulu qu’une aussi grande partie de l’espèce humaine, fut et ne fut pas responsable de sa conduite et de ses actions.

La seule base solide de la moralité paroît caractériser l’Être suprême : elle tire son harmonie de l’équilibre des attributs divins ; et, pour parler avec plus de révérence, un attribut semble impliquer la nécessité d’un autre ; il faut que l’Être suprême soit juste, parce qu’il est sage ; qu’il soit bon, parce qu’il est tout puissant ; car élever un attribut au-dessus d’un autre également noble, également nécessaire, est une chose qui ne convient qu’à la raison flexible de l’homme :