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de la vie nous coûtent des efforts, car ils nous empêchent de devenir la proie des vices corrupteurs qui résultent de l’oisiveté ; mais si les hommes et les Femmes se trouvent, dès leur naissance, placés dans une zône torride où le soleil du plaisir frappe directement sur eux, comment pourroient-ils s’attacher à remplir les devoirs de la vie, ou seulement à modérer les affections qui les entraînent ?

D’après l’organisation actuelle de la société, le plaisir est l’unique affaire des Femmes, et tant que les choses resteront dans cet état, que peut-on attendre de ces êtres foibles et dégradés ? Héritières en ligne directe du sceptre de la beauté, pour conserver cet empire, elles renoncent aux droits naturels que l’exercice de la raison auroit pu leur procurer, et elles préfèrent cette royauté éphémère à ce qu’il leur en coûteroit pour obtenir les satisfactions durables de l’égalité. Exaltées par leur infériorité, ce qui semble impliquer une espèce de contradiction, elles réclament un hommage constant, quoique l’expérience dut leur avoir appris que les hommes qui se vantent de payer, avec la plus scrupuleuse