Page:Mary Wollstonecraft - Défense des droits des femmes (1792).djvu/185

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(145)

d’enchaîner leur intelligence. Encore s’ils eussent réussi par ces méthodes sinistres à persuader aux Femmes de rester chez elles, et d’y remplir les devoirs d’une mère et d’une maîtresse de famille, je ferois grace aux motif et aux moyens en faveur des effets ; et je croirois ne devoir attaquer qu’avec ménagement des opinions qui engageroient les Femmes à se bien conduire, et leur feroient remplir des devoirs qu’elles doivent regarder comme l’affaire de leur vie, quoique d’ailleurs la raison fut insultée par la manière de les leur recommander ; mais j’en appelle à l’expérience, et je demande si négliger leurs facultés intellectuelles ne les détache pas autant et même plus de ces devoirs domestiques, que ne le feroient les travaux de tête les plus sérieux, quoiqu’on puisse observer qu’en général, la masse de l’espèce humaine ne suivra jamais avec beaucoup d’activité la poursuite d’un objet purement intellectuel[1]. On me permettra de conclure que

  1. Les hommes sont plutôt esclaves de leurs appétits que de leurs passions.