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filles, ainsi mal élevées, sont souvent abandonnées par leurs parens, dont la cruelle négligence n’a pas daigné pourvoir à leur sort ; elles se trouvent dépendre, non-seulement de la raison, mais même de la bonté de leurs frères. Ces frères, quelqu’honnêtes que je veuille bien les supposer, leur donnent, comme une faveur, des secours auxquels elles avoient un droit égal, en qualité d’enfans des mêmes parens. Une jeune personne timide et docile peut se souffrir pendant quelque tems dans cette situation humiliante et précaire ; mais dès que son frère se marie, ce qui ne manque guères d’arriver, au lieu de jouir de la considération due à une maîtresse de maison, elle voit se détourner d’elle, avec humeur, des yeux qui ne la regardent plus que comme une étrangère, mal-à-propos à charge au maître de la maison et à sa nouvelle compagne.

Qui pourroit raconter toutes les peines qu’éprouvent, en pareil cas, une foule d’êtres infortunés aussi foibles d’ame que corps, incapables de travailler et rougissant de solliciter des secours ? L’épouse,