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L’homme qui peut se contenter de vivre avec une aimable et utile compagne, dépourvue d’intelligence, si toutefois cette supposition est faisable, a donc perdu, dans les plaisirs des sens, le goût de jouissances plus délicieuses ; il n’a donc jamais éprouvé cette satisfaction tranquille qui rafraîchit le cœur desseché, comme la douce rosée du ciel humecte les prairies ; cette satisfaction d’être aimé par un cœur qui puisse l’entendre. — Il est toujours seul dans la société de sa Femme, à moins qu’en lui l’homme ne se confonde avec la brute. « Le charme de la vie, dit un profond raisonneur, est la sympathie ; rien ne nous fait plus de plaisir, que de trouver dans les autres hommes, une harmonie de sentimens correspondans à ceux qu’éprouve notre propre cœur. »

Cependant, à s’en rapporter aux raisonnemens que nous venons d’exposer, et qui écartent les Femmes de l’arbre de la science, il faudroit sacrifier les importantes années de la jeunesse, les fruits de l’âge mûr et les espérances raisonnables de l’avenir, au grand et magnifique projet de rendre les Femmes l’objet du désir