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écueils à chaque pas, empêche les excursions du génie et de la bienveillance, et long-tems avant le soir calme et tranquille de la vie, elle seroit privée de ses charmes les plus attrayans, si la prudence nous faisoit une loi de la passer dans la contemplation.

Un jeune homme, élevé avec des amis domestiques, l’esprit meublé des connoissances spéculatives que la lecture, les réflections naturelles et les sentimens spontanés peuvent lui procurer ; ce jeune homme, dis-je, entre dans le monde avec des espérances mensongères : il semble pourtant que c’est la marche de la nature, et en morale, comme dans les ouvrages de goût, nous devons observer religieusement ses indications, ne pas prétendre à la guider ; mais la suivre obséquieusement.

Peu de personnes, dans le monde, agissent par principes : les sentimens actuels et les habitudes premières sont les deux grandes sources de leurs actions ; mais comment parviendra-t-on à modérer l’effet de ces sentimens, et à renforcer ces habitudes, si l’on montre aux jeunes gens