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retrace ces idées associées, avec une exactitude mécanique.

Cette dépendance habituelle des premières impressions produit un effet plus funeste sur le caractère des Femmes que sur celui des hommes, parce que les affaires et d’autres occupations sèches de l’esprit, tendent à amortir l’excessive sensibilité, et à rompre des groupes d’idées qui, réunies, ont la force de résister à la raison ; mais les Femmes que l’on a la maladresse de rendre Femmes, quand elles ne sont encore que de petites filles ; et qu’on ramène aussi gauchement à l’enfance, lorsqu’elles devroient abandonner pour jamais les joujoux, n’ont pas assez de force d’ame, pour effacer les idées factices, qui sont le produit d’un art par lequel la nature se trouve violentée.

Tout ce qu’elles voient, tout ce qu’elles entendent, fixe les impressions, appelle les sentimens et unit les idées qui donnent i un caractère sexuel à l’esprit. Les fausses notions de délicatesse et de beauté, arrêtent leur développement physique, et produisent en elles un état maladif, plutôt encore que la délicatesse des organes. Ainsi