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sentiment de honte bien ou mal fondé qui fait rougir ; et dans le fait, la honte est si distincte de la modestie, que la jeune fille ou la servante de ferme la plus honteuse, deviennent souvent les créatures les plus impudentes, parce que leur disposition à rougir étant uniquement l’effet de la timidité et de l’instinct de l’ignorance, l’habitude ne tarde pas à la changer en assurance[1].

Le dévergondage des prostituées, qui infestent les rues de cette métropole, et qui excitent alternativement le fégoût et la pitié, peut jetter du jour sur cette remar-

  1. « Tel est l’effroi d’une jeune villageoise, quand elle se trouve pour la première fois en présence d’un militaire, elle cache d’abord son visage derrière la porte ; bientôt elle regarde l’uniforme, et sur-tout celui qui le porte : La voilà qui se rassure, ses terreurs se dissipent, elle ne retire plus sa main qu’il a saisie, et qu’il couvre de baisers. Familiarisée, elle folâtre avec lui ; elle ne tarde pas à trouver les mêmes charmes à chaque soldat, elle va promener ses attraits d’une tente à l’autre, et répand sa flame dans tout le camp ; car l’habitude a enfin subjugué la crainte et la honte ».