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de remplir ses devoirs de citoyen, ou encourroit le mépris public ; et que tandis qu’il rempliroit quelque fonction de la vie civile, sa Femme, également citoyen actif, ne mettroit pas moins d’attention à gouverner sa famille, élever ses enfans et secourir ses voisins. Mais, pour la rendre réellement vertueuse et utile, il ne faut pas qu’en remplissant ses devoirs civils, elle soit de fait privée de la protection des loix civiles ; il ne faut pas q’u’elle dépende, pour sa subsistance, des bontés de son mari durant sa vie, ou après sa mort de l’appui de quelque personne ; car comment celui qui n’a rien en propre seroit-il un être généreux ? ou, peut-il être vertueux, celui qui n’est pas libre ? Dans l’état actuel des choses, la Femme qui se contente d’être fidèle à son mari, mais n’allaite ni n’élève ses enfans, mérite à peine le nom d’épouse, et n’a certainement pas droit à celui de citoyenne ; en ôtant les droits naturels, vous avez nécessairement dispensé des devoirs.

En effet, quand les Femmes, si foibles d’ame et de corps qu’elles ne retrouvent quelque vivacité que pour rechercher de