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MES SOUVENIRS
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— Eh bien ! alors, tu ne me laisses rien pour la copie ?

Je regardai Gallet avec stupéfaction.

— Mais, alors, vous comptez donc jouer l’ouvrage ?…

— L’avenir te le dira ! »

À ma rentrée à Paris, en octobre, à peine étais-je réinstallé dans notre appartement de la rue du Général-Foy, que le courrier du matin m’apporta un bulletin de l’Opéra, avec ces mots :


Le Roi.
2 heures. — Foyer.


Les rôles avaient été distribués à Mlle Joséphine de Reszké — dont les deux frères Jean et Édouard devaient illustrer la scène plus tard : — Salomon et Lassalle, dont ce fut la première création.

Il n’y eut pas de répétition générale publique. Ce n’était, d’ailleurs, pas encore la coutume de remplir la salle, comme on le fait de nos jours à la répétition dite des « couturières », puis à la répétition dénommée « colonelle », et, enfin, à la répétition appelée « générale ».

Halanzier, malgré les manifestations sympathiques dont l’ouvrage avait été l’objet aux répétitions par l’orchestre et tout le personnel, fit savoir que, jouant le premier ouvrage à l’Opéra d’un débutant dans ce théâtre, il voulait veiller seul à tout, jusqu’à la première représentation.

Je redis ici ma reconnaissance émue à ce directeur uniquement bon qui aimait la jeunesse et la protégeait !