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MES SOUVENIRS

chers enfants, qu’elle abrite la vieille demeure de vos grands-parents — mes pensées se reportent aussitôt vers les souvenirs qui s’en échappent, vers ceux que vous voudrez conserver quand nous ne serons plus là…

Ces arbres vous rappelleront que c’est la main de vos grands-parents, qui vous auront tant aimés, qui a dirigé leurs ramures pour en dispenser l’ombre contre les rayons du soleil et vous apporter leur douce et tendre fraîcheur dans les étés brûlants.

Avec quelle joie nous les avons vus croître, ces arbres ! Nous pensions tant à vous, en admirant leur lente et précieuse croissance !

Vous voudrez les respecter, ne point permettre à la hache de les frapper ! Il semble que les blessures que vous leur feriez arriveraient jusqu’à nous, par delà la mort, nous atteindraient dans la tombe, et vous ne le voudrez pas !…


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S. A. S. le prince de Monaco, ayant eu connaissance de la mise en musique de Chérubin, et se souvenant de ce Jongleur de Notre-Dame, qu’il avait si splendidement accueilli et que je lui avais respectueusement dédié, me fit proposer par M. Raoul Gunsbourg d’en donner la première à Monte-Carlo. On peut imaginer avec quel élan j’accueillis cette proposition. J’allais donc, avec Mme  Massenet, me retrouver en ce pays idéal et dans ce palais féerique, dont nous avions conservé de si impérissables souvenirs.

Chérubin fut créé par Mary Garden, la tendre Nina par Marguerite Carré, — l’ensorcelante Ensoleillad par la Cavalieri, — et le rôle du philosophe fut r empli par Maurice Renaud.