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MES SOUVENIRS

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Au moment où j’écris ces lignes, je suis encore sous l’émouvante impression de la splendide soirée donnée le 10 décembre à l’Opéra.

Il y a quelques semaines, mon excellent ami Adrien Bernheim vint me voir et, entre deux dragées (il est aussi gourmand que moi), il me proposa de participer à une grande représentation qu’il organisait en mon honneur, pour fêter le dixième anniversaire de l’œuvre française et populaire : les Trente ans de Théâtre. « En mon honneur ! » m’écriai-je dans une extrême confusion...

Il n’y eut pas un artiste, et des plus grands, qui ne se sentît heureux de prêter son concours à cette soirée,

Ce fut ensuite, de jour en jour, toujours chez moi, dans le salon de famille de la rue de Vaugirard, que je vis se réunir, animés d’un égal dévouement pour assurer le succès, les secrétaires généraux de l’Opéra et de l’Opéra-Comique, MM. Stuart et Carbone, et l’administrateur du Théâtre-Lyrique de la Gaîté, M. O. de Lagoanère. Mon bien cher Paul Vidal, chef d’orchestre à l’Opéra, et professeur de composition au Conservatoire, se joignit à eux.

Le programme fut décidé tout de suite. Les études particulières commencèrent aussitôt. La peur cependant que j’éprouvais, et que j’ai toujours eue, lorsque j’ai fait une promesse, d’être souffrant quand arrivait l’instant de l’exécution, me causa plus d’une insomnie.

« Tout est bien qui finit bien », dit la sagesse des nations. J’avais tort, on va le voir, de me torturer pendant tant de nuits.