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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

choisir. Bertrand, nommé le 18 novembre, reçut l’ordre de se rendre à Paris et de laisser à Morand le commandement de son corps d’armée. Il prêta serment le 20 et s’installa aux Tuileries. Très neuf en ses fonctions, il s’enquit, mais sans se mettre au ton, et ne réussit guère. Mme Bertrand avait installé près d’elle sa mère et son frère, M. Levassor de la Touche, qui n’avaient aucun scrupule à répéter ce qu’ils entendaient ; les parents royalistes, flairant la catastrophe, se pressaient aux nouvelles ; cela constituait pour elle une situation pénible, car, personnellement, elle était fidèle et dévouée. Le Grand maréchal, qui avait été nommé par l’Empereur aide-major de la Garde nationale de Paris, n’en put remplir les fonctions, retenu qu’il fut, jusqu’au dernier jour, au Grand quartier général. Au 30 mars, Mme Bertrand, grosse alors de six mois, quitta Paris avec l’Impératrice, qu’elle suivit à Blois et à Orléans. D’Orléans, elle vint à Fontainebleau pour prendre ses dispositions avec son mari afin de le rejoindre à l’île d’Elbe. Bertrand n’avait pas hésité. Son inflexible droiture n’admit pas un instant qu’il se séparât de l’homme qui lui avait confié — depuis six mois à peine — la sûreté de sa personne et la direction de sa maison. Durant que Bertrand faisait avec l’Empereur ce périlleux voyage où les embûches avaient été préparées de longue main, Mme Bertrand gagnait Châteauroux, où elle devait attendre chez son beau-père, le moment propice. Au début de juillet, elle partit,