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NAPOLÉON À SAINTE HÉLÈNE

la lettre non décachetée, les premières déceptions et l’annonce de la déportation. Sans doute ne mit-il pas en doute qu’à Paris il ne fût proscrit ou qu’il ne dût l’être ; en tout cas, sa carrière lui semblait brisée, et il n’avait plus guère d’espoir que de partager la fortune de l’Empereur.

Les Anglais ne concédant à l’empereur que trois officiers, Bertrand, grand officier de la Couronne, général de division, était de droit chef de la Maison. D’ailleurs son nom figurait sur les listes de proscription et sa sûreté était intéressée à son départ. Montholon pouvait alléguer qu’il était dans le même cas : chambellan, diplomate, général, il se prêtait à tous les emplois ; il s’était offert, on l’avait accepté ; il se fût d’ailleurs imposé comme il imposait sa femme, laquelle prenait dès lors le premier rang, même sur Mme Bertrand, et excellait à se rendre agréable. Mais Gourgaud ? Pour tous les services que ne pouvaient rendre ni le Grand maréchal, ni le général chambellan, un officier de grade subalterne était indiqué, et, parmi les fidèles qui l’avaient suivi, l’Empereur avait nominativement désigné Planat, dont il appréciait l’intelligence, l’activité et l’aptitude au travail. Il l’avait donc inscrit sur la liste remise aux agents anglais dans la matinée du 7 août. Mais Planat n’était point sur le Bellerophon ; par ordre de l’amiral Lord Keith, il avait été transféré sur la Liffey puis sur l’Eurotas ; il ne put être immédiatement avisé de la décision prise à son égard. Gourgaud, qui était sur le Bellerophon,