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LE COMTE DE LAS CASES

prendre. Et puis un autre surgissait, encore plus redoutable.

De la façon dont on allait vivre, de conversations, de répliques destinées seulement à éveiller le discours de l’Empereur, d’égards, de complaisances, de flatteries même si l’on veut, — car, si elle est désintéressée, ici la flatterie est sacrée ; dans ces entours si peu nombreux et si médiocrement intéressants, Napoléon devait aller fatalement à l’interlocuteur nouveau, capable de l’entendre, même de servir sa parole et de la développer, instruit assez de toutes les choses extérieures pour rendre la conversation profitable, mais trop peu de l’histoire de l’Empire pour qu’il ne prît point un plaisir à la lui révéler et à se révéler lui-même. En M. le comte de Las Cases, il trouvait l’interlocuteur rêvé, et c’était un homme de cour, aux manières et à la façon de penser de l’ancien régime, — ce pourquoi, dès les premiers jours, Gourgaud le poursuivit de sa haine et de ses provocations, comme par la suite quiconque lui parut entrer davantage dans une faveur qu’il enrageait de ne point accaparer.

L’on dit que vers la fin du XIe siècle, lorsque Henri de Bourgogne franchit les Pyrénées pour combattre les Maures et conquérir un royaume, il avait avec lui un porte-étendard d’une éton-