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LE COMTE DE LAS CASES

que par une espèce de miracle » : sans compter la conception — au cas qu’elle soit vraiment de lui, ce qu’on a nié — et, en tout cas, l’exécution « d’un atlas historique et généalogique où, par des procédés ingénieux, il rendait parfaitement claires la succession des dynasties et les révolutions des empires ». Las Cases, qui avait adopté le pseudonyme de Le Sage, « n’en livra d’abord qu’une esquisse, et cette entreprise fut couronnée du plus heureux succès. Elle lui procura la jouissance d’une petite propriété, d’un cercle d’amis estimables et de connaissances dont l’intimité était pleine d’agréments. »

Quelque plaisir qu’il éprouvât ainsi à vivre en Angleterre, vers la fin de l’an X, il se présenta, ainsi que son frère, ancien officier au régiment d’Auvergne, devant le commissaire de Calais, auquel il fit les déclarations et soumissions requises par la loi. Il obtint ainsi sa « surveillance » sous le nom d’Emmanuel de Las Cases, dit Le Sage, et il profita des loisirs qui lui étaient faits pour « donner plus d’étendue et une forme nouvelle à son atlas historique », qui eut, dit-il, un succès extraordinaire et dont le produit remplaça avantageusement ses propriétés patrimoniales vendues révolutionnairement. Le 22 septembre 1806, il écrivit à l’Empereur une lettre des plus déférentes pour lui en faire hommage. Le souvenir de cette lettre était sorti de son esprit lorsque, plus tard, il affirma n’avoir jamais sollicité de l’offrir.