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NAPOLÉON À SAINTE HÉLÈNE

née 1810, l’Empereur avait imaginé un système de licences accordées à des navires qui, moyennant l’exportation de telle quantité de produits français, étaient autorisés à importer telle quantité de denrées coloniales. Les produits de l’imprimerie française étaient compris parmi ceux de l’exportation ; mais les livres ainsi expédiés ne cherchaient point des lecteurs, ils étaient jetés à la mer et remplacés par du sucre, du café ou de l’indigo. On ne choisissait donc point pour l’ordinaire ceux dont le débit était le plus courant. Aussi la Commission de librairie fixait-elle la somme que les porteurs de licence devaient payer aux auteurs et aux éditeurs, et déterminait-elle le rabais sur le prix fort. Las Cases n’admit point que le prix de son atlas pût être minoré. Le 12 février 1812, il écrit au ministre du Commerce et des Manufactures, M. Collin de Sussy, qu’il a profité du système des licences pour expédier en Angleterre de nombreux exemplaires de son Atlas historique et généalogique ; or, la Commission de librairie a frappé son ouvrage d’un rabais de 50 p. 100. C’est là une manœuvre de rivaux jaloux de son succès, et il invite le ministre à retirer la mesure prise par ses subordonnés, car son atlas trouvera en Angleterre vingt mille acheteurs pour le moins. Vingt mille exemplaires rien que pour l’Angleterre ! L’exemplaire se vendant 120 francs, cela eût fait 2.400.000 francs. Il est vrai qu’en France il y avait eu l’édition de 1803-1804, celles de 1806, 1807,1809.