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NAPOLÉON À SAINTE HÉLÈNE

était Louis-Étienne Saint-Denis, chasseur ou, si l’on veut, mameluck. Fils d’un piqueur des Écuries du roi, il était né à Versailles en 1788, et, après des études assez complètes et un stage de petit clerc dans une étude de notaire, il était entré, en 1806, dans la Maison comme élève piqueur. Il fit campagne en Espagne et en Allemagne, et fut du voyage de Hollande en 1811. À la fin de cette année, Napoléon voulut avoir un second mameluck. Saint-Denis fut choisi, prit le costume oriental et reçut le nom d’Ali — cet Ali ramené d’Égypte comme Roustam, qu’on n’avait pu, à cause de ses violences, garder dans la Chambre et que l’Empereur avait relégué garçon d’appartement à Fontainebleau. Désormais, il remplit, dans un des Services, les mêmes fonctions que Roustam dans un autre, comme valet de chambre, chasseur et aide-porte-arquebuse ; il suivait donc en campagne, portant la lorgnette et le flacon d’argent rempli d’eau-de-vie. Ainsi fit-il la campagne de Russie et la campagne de Saxe ; mais, étant du Service laissé à Mayence, il s’y trouva bloqué et ne put prendre part à la campagne de France. Après la reddition de Mayence, il rejoignit son maître à l’île d’Elbe, où il fut seul mameluck ; il revint avec l’Empereur à Paris et ne le quitta point de la campagne de Belgique. C’était un homme qui, avec une bonne instruction primaire, avait le goût des livres et, comme Marchand, une écriture très nette, qu’ils perfectionnèrent et rapetissèrent, durant la captivité, de façon à tracer lisi-