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SAINTE-HÉLÈNE

siècles sans la vérifier et qui, vraisemblablement, provenait de voyageurs ayant visité Sainte-Hélène moins d’un demi-siècle après sa découverte par Jean de Nova, en 1502. Selon cette tradition, le territoire de l’île, naturellement fort sec, étant arrosé par des pluies fréquentes, était rendu propre à produire toutes sortes de fruits ; la plupart des montagnes étaient couvertes de verdure ; on y trouvait, en particulier, des ébéniers, « puis d’autres grands arbres qui produisent de belles fleurs incarnates et blanches, à peu près comme les tulipes, qui font un très bel ornement ». Et il y avait de bonnes oranges, des grenades, des limons assez pour servir de rafraîchissements aux équipages de cinq à six vaisseaux. Et il y poussait toutes sortes d’herbes qui guérissent en huit jours du scorbut. Et il y avait des chèvres et des sangliers, quantité de cabris et de boucs très gras, et de pourceaux de diverses couleurs. Et il y avait des perdrix, des pigeons, des tourterelles, des paons, mais point de bêtes dévorantes, d’oiseaux de proie, ni de serpents venimeux. Tout eût été parfait n’étaient de grosses araignées, des mouches aussi grosses que des sauterelles et surtout les rats, lesquels, au dire d’Owington, voyageur anglais, se rendaient singulièrement incommodes.

En 1808, à la vérité, avait paru à Londres, sous le titre History of the Island of Saint Helena, la première monographie de l’île. L’auteur, T. H. Brooke, appartenait à une famille habituée dans le pays