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NAPOLÉON À SAINTE HÉLÈNE

que le gouvernement, pour détruire les rats qui infestaient l’île, était résolu d’y envoyer une cargaison de chats ; un officier du roi devait passer à Chester à jour dit, payer seize shillings un chat adulte, dix une chatte, deux et demi un chaton. De tous les coins du comté, les paysans arrivèrent au jour indiqué avec des paniers pleins de chats et, lorsqu’ils apprirent que c’était là une plaisanterie des joyeux compères de Chester, ils entrèrent en fureur, lâchèrent leurs chats par les rues, saccagèrent l’hôtel de ville et blessèrent plusieurs bourgeois. Dans les trois semaines qui suivirent, on tua plus de quatre mille chats à Chester et aux environs.

Les rats et l’aspect rébarbatif de l’île, forteresse inexpugnable, voilà ce qui frappe le peuple, voilà ce que lui apprennent des images multipliées à grand nombre ; mais toujours, entre les murs à pic qui ferment l’entrée de l’unique port, Jamestown, on aperçoit, dans les gravures, une vallée d’une miraculeuse fertilité, telle que l’a annoncée Bruzen de la Martinière.

Par ces descriptions, par ces estampes et ces caricatures, la police des Bourbons s’efforçait-elle d’accréditer en France l’opinion que Napoléon allait être aussi heureux matériellement qu’il pouvait l’être dans un séjour enchanté ; par suite, de détruire par avance l’effet que pourraient produire ses plaintes, si l’écho en parvenait en Europe ? La police, après quelque temps, jugea opportun d’ar-