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PRIX DES VIVRES

par quartier, 10 sh. ; le porc, par livre, de 1 sh. 6 d, à 1 sh. 8 d. ; un poulet, de 6 à 9 sh. ; une dinde 30 à 40 sh. ; un jambon, 3 liv. st. ; une douzaine d’œufs, 5 sh. ; le beurre, 3 sh. la livre ; la chandelle, 3 sh. 6 d. la livre ; le sucre candi, la livre, 2 sh. ; le sucre raffiné, la livre, 3 sh. ; le fromage, la livre, 3 sh. Les bœufs arrivaient du Cap à l’état de squelettes ; les moutons étaient si maigres que, parfois, à Longwood, on plaça une chandelle dans la carcasse non dépouillée d’un mouton qu’on venait de tuer et qui faisait ainsi lanterne. Qu’ils vinssent du Cap, de Rio ou d’Angola, les animaux sur pied étaient le plus souvent dans un état d’épuisement et d’étisie dont ils ne pouvaient se remettre sur les maigres pâturages de l’île où, d’ailleurs, on les laissait ruminer le moins possible. Quant au mouton, il avait beau brouter, par un singulier phénomène, il n’engraissait point du tronc ni des jambes, mais de la queue, et cette queue était tout graisse molle et puante.

On vivait à la merci d’un coup de vent ; d’un jour à l’autre, on pouvait être réduit aux salaisons. De celles-là, on ne pouvait manquer, les Anglais ayant soin d’entretenir une réserve suffisante pour nourrir trois années la garnison et les habitants. Mais alors on délivrait ces vivres par rations. Au surplus, les règlements étaient tels que sur un navire en mer ; les Anglais résidents, tous ou presque employés de la Compagnie, fournisseurs patentés des navires ou concessionnaires de