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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

Cela n’impliquait-il pas qu’on demandât des passeports aux Anglais, maîtres de la mer ?

Fouché, en s’adressant pour cet objet en même temps à Wellington et Castlereagh, se proposait-il, comme on l’a dit, d’avertir les Anglais et de les mettre en garde contre le départ de l’Empereur ou, plus simplement, d’exécuter les désirs de Napoléon ? Napoléon s’était, de très longue date et dès son enfance, formé, sur la générosité du peuple anglais, des illusions dont aucune expérience n’avait pu le guérir et que d’ailleurs il n’était point le seul de sa famille à partager. Le 25, Lucien était parti pour Boulogne, d’où il devait passer en Angleterre, et c’était dans le dessein prémédité d’y chercher des passeports pour lui et pour tous les siens. Il est vrai que, à Boulogne, ayant causé durant une heure avec le comte Otto qui, parti de Paris le 24, sur les ordres donnés la veille par le Gouvernement provisoire, n’avait pu obtenir, pour passer en Angleterre, la moindre autorisation, il tourna bride. Mais était-ce qu’il craignît un refus ou, comme il l’a dit, qu’il fût pris d’un soudain désir de revoir sa famille, qu’il appréhendât d’être retenu en Angleterre et de ne pouvoir retourner à Rome pour les couches de sa femme ? De l’homme qui avait tout sacrifié pour cette femme, on peut bien le croire. Mais que Lucien, tel qu’on le connait, se fût porté fort d’avoir raison de tous les obstacles grâce aux amis puissants qu’il avait conservés en Angleterre, rien de plus probable. Sans