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NAPOLÉON À SAINTE HÉLÈNE

depuis dix-huit ans, déclaré la vendetta à Napoléon, les a passés à lui susciter des ennemis et à lui tendre des embuscades, et il fait ainsi triompher Pozzo sur Napoléon. N’est-ce pas l’époque où le duc de Wellington, prince de Waterloo, écrivant à l’amiral Sir Pulteney Malcolm, rappelait que lui aussi avait relâché à Sainte-Hélène et qu’il avait occupé aux Briars la maison de M. Balcombe, où l’Empereur était logé et, en ces termes : « Dites à Boney que je trouve ses appartements, à l’Élysée Bourbon, très convenables, et que j’espère qu’il aime les miens chez Balcombe. » Pourquoi ne voudrait-on pas que, par manière d’épigramme en action, Lord Bathurst ait choisi Hudson Lowe, parce qu’il avait commandé à des Corses, mercenaires anglais, et, par là même, excellents royalistes ?

Peut-être est-ce chercher loin ? Pourtant, par ailleurs, quelle raison, sinon que, dans l’aristocratie des Trois-Royaumes, qui seule fournissait aux hauts grades, on n’eût trouvé personne pour accepter une telle mission ? Pour quoi l’on eût pris ce major général, qui avait fait sa carrière militaire hors de l’armée régulière, dans un corps de mercenaires étrangers (foreign service), et qui, bien que revêtu du grade et pourvu d’un titre, n’était pas plus un général aux yeux des généraux de l’Armée qu’il n’était un noble aux yeux des nobles du Royaume-Uni.

Il était, dit un jour Wellington à Lord Stanhope, « un homme manquant d’éducation et de juge-