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SIR HUDSON LOWE

de leur chef, fût-il retraité, fût-il mort, et ils acceptent la responsabilité de tous ses actes. Pourtant, comme il les fit aller, virer, courir, comme il les reprit à la moindre faute, et comme il exigea d’eux qu’ils fussent constamment alertes ; car son activité est égale à son inquiétude, il est toujours debout, toujours pressé, toujours galopant, plein de sa responsabilité, pénétré de son devoir, exalté de son importance qui, en même temps, le terrifie ; il est enivré par un avancement qui dépasse ses rêves les plus ambitieux, par un titre qui, à son compte, l’a fait entrer dans la hiérarchie sociale, bien autrement fermée que la militaire, par son tout récent mariage (31 décembre 1815) avec la sœur du colonel Sir William Howe de Lancey, un des héros de Waterloo, veuve avec deux filles, deux enfants, — l’aînée à dix ans — du lieutenant-colonel William Johnston. Par là s’est ouvert devant lui le paradis aristocratique et il tremble de le perdre ; il tremble pour cet énorme traitement qu’augmentent toutes sortes de redevances, d’ailleurs légales, — car il est probe, — toutes les aises que la Compagnie des Indes accorde à ses employés et qui lui permettent d’assurer à Lady Lowe et à ses deux filles les agréments d’une existence somptueuse, sans lesquels ses quarante-six ans eussent paru médiocrement tentants à une femme que chacun s’accorde à dire charmante, infiniment désirable, tout à fait distinguée et du meilleur monde.