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NAPOLÉON À SAINTE HÉLÈNE

Il ne faudrait pourtant pas croire qu’il fût disgracié de la nature, ni surtout qu’il ressemblât à ces portraits qu’on publia de lui pour mettre son visage en accord avec les actes qu’on lui prêtait. « De sa personne, a écrit un de ses amis, Sir Hudson Lowe était plutôt au-dessous de la taille moyenne, constitué non en force, mais en souplesse. Son front était large et un peu haut ; le derrière de sa tête large ; ses yeux, enfoncés dans l’orbite et abaissés à l’angle externe ; ses sourcils, très longs et épais, son nez plutôt aquilin ; sa lèvre supérieure avancée, son menton pointu. Il était haut en couleurs et ses cheveux étaient clairs ; il tenait sa tête droite et n’eut jamais, même à soixante-dix-sept ans, aucune tendance à se courber. Sa marche et ses gestes étaient généralement rapides et parfois « saccadés ». En parlant, il était souvent embarrassé pour trouver ses mots et, dans la société, il alternait d’une extrême taciturnité à une véhémente animation pour discourir. » Il n’avait point été sans avoir des bonnes fortunes ; d’une liaison formée « dans les pays de la Méditerranée », il avait ramené deux enfants naturels, et de Lady Lowe, il eut, à Sainte-Hélène, deux fils et deux filles. Ce n’était donc ni un monstre ni un barbon, et il faut le voir tel qu’il fut.

Il fut, avant tout, — et ceci on est loin de le lui reprocher, — un loyal Breton, un Breton qui s’est encore mieux convaincu, à commander des étrangers, de la prééminence non seulement de l’An-