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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

Alliés qu’ils ne faisaient la guerre qu’à Napoléon et, lui tombé, s’était-il imaginé qu’ils s’arrêteraient, laisseraient la Chambre des représentants et la Chambre des pairs choisir, d’accord avec la Commission de Gouvernement, un prince ou une Constitution ? Qui sait ? Il venait d’écrire à Wellington : « Vos mouvements hostiles continuent quoique, suivant leurs déclarations, les motifs de la guerre que nous font les souverains alliés n’existent plus, puisque l’Empereur a abdiqué. » Et il avait requis le général anglais de cesser toute hostilité et de conclure un armistice en attendant la décision que prendrait le Congrès. On a peine à croire qu’une telle naïveté fût sincère, mais n’a-t-on point vu, en France, les mêmes mots provoquer, à deux reprises au moins, les mêmes incertitudes, les mêmes promesses entraîner les mêmes défections, et l’histoire se recommencer à un demi-siècle d’intervalle ?

Quoi qu’il soit des motifs, Davout voulait que, le plus tôt possible, l’Empereur s’éloignât de Paris et certes, dans la Commission, Fouché en était d’avis, mais, en même temps, ne tenaient-ils pas plus l’un que l’autre qu’il prît la mer et partît pour l’Amérique. En le gardant sous leur main pour le livrer à l’occasion comme victime expiatoire, ils assuraient à leur propre tête une garantie qui n’était point négligeable. De là, cet étrange arrêté en six articles par lequel la Commission enjoint au ministre de la Marine « de donner des