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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

avec le médecin de l’Empereur qui, à la vérité, était Anglais et officier au service anglais, mais il eut d’autres commensaux et ses relations avec les personnages de la suite qu’il devait accompagner ou faire accompagner, lorsqu’il leur plaisait de se rendre à Jamestown, étaient quotidiennes.

De la part de l’Empereur, il y avait surtout à redouter des espiègleries : le mot ne va guère au personnage, parce que l’on a laissé dans l’ombre ce côté de son caractère, que l’on reconnaît aisément en le regardant d’un peu près. Il ne demeure pas toujours sérieux, il attache ses distractions aux moindres choses ; il joue avec les enfants ; il taquine, il brime, et ici, il prend comme il peut ses revanches de la captivité en inquiétant, en affolant, en désespérant les gardiens, en leur dressant de vive voix ou par écrit des réclamations injurieuses qu’ils ne pourraient satisfaire qu’en violant leurs instructions. Avec l’officier d’ordonnance duquel on a obtenu qu’il suivrait à une certaine distance, le jeu est de le perdre, de prendre un vif galop à un tournant de route, de se dissimuler ensuite dans quelque ravin, et, durant que l’officier court les chemins, donne l’alarme, met l’île entière en rumeur, de rentrer tranquillement à Longwood. Ce qu’on y gagne : que l’officier a ordre de suivre au plus près et que Napoléon, par dégoût de se sentir ainsi gardé, renonce au cheval.

L’épreuve de Longwood est bien autrement