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LA VIE À LONGWOOD

n’eut point le droit de disposer de lui-même, que lui Napoléon ne fut qu’un rebelle ; bien mieux, il avoue qu’il est légitimement prisonnier et il accepte la captivité, il abolit les droits que son fils a reçus de lui et qu’il entend d’abord lui conserver. Sans doute, il a abdiqué la couronne, mais l’abdication n’abolit point la qualité : aussi bien eût-il été disposé, si on ne le lui avait point contesté, à se conformer à l’usage suivi par la plupart des souverains non régnants et à adopter un titre, même un nom, de fantaisie et de convention. Mais ce ne pouvait être que de son chef et de son gré. Nul n’avait le pouvoir de le lui imposer ; et si ce n’était point un nom de fantaisie, mais le nom qu’il avait ci-devant porté, avant son élévation l’offense, devenait intolérable.

Il n’y a point ici, comme on l’a dit, « une affectation puérile » ; il y a, d’une part, le souci de sa dignité, d’autre part le souci de son hérédité ; il y a la revendication du droit de la nation ; il y a l’affirmation des droits de son fils.

C’est une chaumière que Longwood ; l’eau coule sur les murs ; du parquet pourri, à même le sol, les rats en bandes sortent et courent ; un petit bourgeois anglais ne voudrait point des meubles ; et pourtant ce sera là le Palais impérial. L’étiquette y sera aussi sévèrement observée qu’aux Tuileries ; les généraux ne se présenteront devant Sa Majesté qu’en uniforme ; nul ne s’assoira devant l’Empereur ; les étrangers de passage ne seront admis à le