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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

service à café, écrit Sir George Bingham à sa femme après avoir dîné à Longwood, était le plus beau que j’aie jamais vu : sur chaque tasse était une vue d’Égypte et, sur la soucoupe, le portrait d’un bey ou d’un autre personnage distingué. Elles coûtaient, en France, vingt-cinq guinées les deux pièces, tasse et soucoupe. » L’Empereur fit présent à des dames anglaises de deux ou trois de ces tasses — une entre autres représentant l’Aiguille de Cléopâtre — une soucoupe fut cassée. L’Empereur ne voulut plus alors qu’on se servît de « son sèvres ». Si les vingt et une tasses et les vingt soucoupes ont disparu comme les assiettes à dessert et l’argenterie tout entière, au moins peut-on se représenter comme elles étaient, l’Empereur ayant, aux étrennes de 1814, offert à la duchesse de Bassano un service à café dont les tasses et les soucoupes sont identiques à celles qui furent emportées à Sainte-Hélène : les paysages, comme les portraits, exécutés d’après les dessins faits en Égypte par Vivant Denon : le fond des unes et des autres d’un beau bleu avec décor d’hiéroglyphes en or ; sur les soucoupes, les portraits peints en grisaille, au milieu de cette bordure d’or trois fois reprise en hauteurs diverses et couvrant en entier le marli.

Sir George Bingham exagère lorsqu’il parle, pour chaque tasse, de vingt-cinq guinées. Le déjeuner de dix pièces offerts à Mme de Bassano avait été facturé par Sèvres 1.355 francs, compris le plateau de tôle : mais que Napoléon eût indiqué ce