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LA QUESTION D’ARGENT

l’opinion unanimement admise que celui-là qui, durant treize années, avait été le maître de l’Europe, qui avait manié toutes les contributions imposées par ses victoires aux souverains et aux peuples, devait être prodigieusement riche et cette richesse revenait de plein droit aux vainqueurs, comme un fruit essentiel de leur victoire. S’il arrivait qu’au lieu des trésors attendus, on ne trouvât que quelques milliers de francs, on ne les prendrait pas moins, mais, au lieu de les confisquer, on les placerait sous séquestre, de façon qu’ils servissent jusqu’à la mort de Napoléon à ses besoins. Ainsi s’était-on déjà emparé lors du transbordement du Bellerophon sur le Northumberland de 4.000 napoléons (80.000 fr.).

À cette époque, l’Empereur était parvenu à soustraire aux Anglais 250.000 francs, en les répartissant dans huit ceintures distribuées à ses compagnons et rendues à Marchand, institué trésorier, lors de l’arrivée à Sainte-Hélène. Cette somme provenait pour la plus grande partie de la remise faite à l’empereur, le 28 juin, par son trésorier général, de la somme de 183.333 francs, produit de la vente d’une inscription de rente 5 p. 100 consolidé, de 15.150 francs : tout ce que Napoléon possédait en propre. Il appela cette somme sa « réserve » ; il était résolu à n’y toucher qu’en cas de nécessité absolue ; il y joignit par la suite quelques économies, en sorte qu’en 1821, elle montait à 300.000 francs.