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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

Inconnus aux Anglais, ces 250.000 francs n’existaient point pour eux, et l’Empereur ne pouvait s’en servir qu’en dévoilant qu’il les avait dissimulés. Restaient, avant d’avoir recours à l’argent que l’Empereur pouvait avoir en Europe, les capitaux que ses compagnons avaient emportés : Las Cases, avant de quitter Paris, s’était procuré 4.000 louis qu’il mit à la disposition de l’Empereur ; Bertrand, depuis le 19 juillet, avait, par son notaire M. Fourcault de Pavant et par Baring frères, de Londres, employé en 5 p. 100 Navy annuities une somme de 300.000 francs environ (315.375 faisant 12.615 £) et il présumait que les titres seraient, dès qu’il écrirait, vendus sur son ordre par Baring. Il avait, en outre, avec lui, une somme de 1.500 £ (37.500 fr.) immédiatement utilisable. Gourgaud n’avait rien ; Montholon moins que rien. Ce que la petite colonie se trouvait posséder allait donc aux environs de 500.000 francs, et 500.000 francs ne mèneraient pas loin, surtout si le gouvernement anglais restreignait à 8.000 £ une dépense qui, normalement, d’après les calculs de Cockburn, pouvait aller à 20.000 et ne pouvait guère descendre au-dessous de 16.000 (400.000 fr.). Outre les 2 à 300.000 francs qu’il en coûterait, n’y avait-il pas à payer des traitements aux officiers, des gages aux serviteurs, l’habillement et l’entretien des uns et des autres ? Ce n’est pas impunément qu’une maison est montée sur un pied impérial. Ce n’est pas impunément qu’elle est administrée par l’homme le plus pro-