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LA QUESTION D’ARGENT

affamer les prisonniers : c’était le rétablissement de la Question.

Se tenant comme suffisamment instruit des besoins des prisonniers, le gouverneur vint, le 17 août, à Longwood en vue d’entretenir l’Empereur de la nécessité qu’il prît à sa charge une partie de ses dépenses s’il entendait conserver autour de lui une maison aussi nombreuse. Une première entrevue avec Bertrand, auquel il fut renvoyé, fut singulièrement orageuse. Le Grand maréchal fit remarquer que toute correspondance ayant été arrêtée par la défense d’envoyer ni de recevoir aucune lettre cachetée, l’Empereur ne pouvait s’entretenir de ses affaires personnelles avec ceux auxquels il les avait confiées. Lowe répliqua qu’il n’était point venu pour entrer dans ces détails, qu’il avait eu un entretien avec le général Buonaparte lui-même et aussi avec le comte Montholon et que ni l’un ni l’autre n’avaient fait de difficulté sur la manière de se procurer des fonds. Bertrand rompit et, renvoyant le gouverneur à M. de Montholon, lui signifia qu’il désirait avoir avec lui aussi peu de communications que possible, soit verbalement, soit par écrit. Le gouverneur répliqua, alla pour se plaindre à Napoléon qui refusa de le recevoir, et, le jour même, il écrivit à Montholon pour lui déclarer « qu’il était dans l’impossibilité de pourvoir aux dépenses de la maison sur la somme prescrite par son gouvernement, à moins qu’il ne fit sur plusieurs articles une réduction qui pour-