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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

quelques jours, une sorte de bonheur, et Hudson Lowe, s’il désapprouvait, était contraint, par l’ordre du ministre, de laisser passer.

Ce n’était point sans ennui, et il fallait le culte qu’il professait pour la discipline pour qu’il se soumît. Sans doute, le ministre avait le droit d’autoriser ces envois, mais si, dans les caisses, au milieu des confitures, à l’intérieur des joujoux, on avait glissé une correspondance suspecte ; si, moyennant cette correspondance, on avait préparé une évasion, qui serait responsable ? Et puis, cela n’était point régulier, et la règle, l’observance de la règle, c’était comme la religion de cet homme. Il fût tombé malade à la pensée que la règle pût être violée de son chef, qu’elle le fût par sa faute, qu’elle le fut sans qu’il eût pu s’y opposer, qu’elle le fût encore par des personnages vis-à-vis desquels il était désarmé.

Nul affolement pareil au sien, lorsqu’il apprit qu’une mèche de cheveux blonds, qu’on présumait être des cheveux du Roi de Rome, avait été remise à l’Empereur. Quelle importance cela eût-il présenté pour un homme bien élevé, qui eût eu du tact et le sentiment des convenances ? Il eût fermé les yeux, fait connaître qu’il n’était point dupe, donné peut-être un avertissement, mais se fût gardé de faire d’un tel incident une affaire où, de son côté, le ridicule l’eût disputé à l’odieux. Mais Lowe ne sait point ce que c’est que le ridicule, et où irait-on si l’on admettait que la consigne pût