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LE JARDINIER AUTRICHIEN

En droit, qui avait raison ? Lowe, assurément. Il remplissait sa consigne, mais de telle façon que, si cette histoire était connue, il tournait contre lui l’humanité soulevée. Nul doute que ce ne soit un des griefs principaux que la postérité, sur la parole de Napoléon, ait formés contre lui ; il est vrai que Napoléon ne s’est point borné au fait tel qu’il l’a reçu de Marchand. Il a pris pour acquis que Welle avait vu le Roi de Rome à Schœnbrünn et que Lowe le savait ; que Welle avait demandé à venir à Longwood et que Lowe l’avait refusé. Rien de moins sûr ; mais il part de là, dans la lettre qu’il remet à Las Cases le 11 décembre 1816 et qu’il destine à être publiée ; il écrit : « Si vous voyez ma femme et mon fils, embrassez-les. Depuis deux ans, je n’en ai aucune nouvelle, ni directe ni indirecte. Il y a, depuis six mois, dans ce pays, un botaniste allemand qui les a vus dans le jardin de Schœnbrünn quelques mois avant son départ. Les barbares ont empêché qu’il vint me donner de leurs nouvelles. » Cinq mois plus tard, dans un document dont il prévoyait l’immense retentissement, il écrit : « D’après le même esprit d’inquisition, un botaniste de Schœnbrünn, qui a séjourné plusieurs mois dans l’île et qui aurait pu donner à un père des nouvelles de son fils, fut écarté de Longwood avec le plus grand soin. »

L’Empereur supposait gratuitement que Welle avait vu l’Impératrice et le Roi de Rome ; plus gratuitement encore, qu’il avait demandé à venir à