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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

brité de ce climat dévorant, le manque de tout ce qui entretient la vie, mettront, je le sens, un terme prompt à cette existence dont les derniers moments seront un acte d’opprobre pour le caractère anglais ; et l’Europe signalera un jour avec horreur cet homme astucieux et méchant : les vrais Anglais le désavoueront pour Breton. »

Las Cases allait donc partir avec les honneurs de la guerre : non seulement l’Empereur ne paraissait plus se souvenir d’avoir blâmé son imprudence, mais il semblait admettre que, comme le disait Las Cases, « il serait plus utile en Europe qu’à Longwood ». Si son départ pouvait surprendre, surtout après la déclaration qu’il avait donnée le 20 avril 1816, où il affirmait en même temps que son dévouement, sa volonté de « demeurer auprès de l’empereur Napoléon », il y devait donner une excuse qui expliquerait tout : l’état de santé de l’Empereur, la nécessité de le rendre public, et l’impulsion qu’une telle révélation donnerait à l’opinion.

Depuis que le gouverneur avait, de son chef, restreint les limites de l’enceinte tracée par l’amiral Cockburn pour les promenades de l’Empereur et qu’il s’était ingénié à multiplier les sentinelles, rêvant même une grille continue pour clôture aux jardins de Longwood, Napoléon avait cessé de