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LES PREMIERS MISSIONNAIRES

Embarqués le 28 octobre 1816, ils n’étaient arrivés à Portsmouth que le 25 février 1817. Rousseau et Archambault avait seulement touché barre et étaient aussitôt repartis pour les États-Unis où ils devaient porter au roi Joseph des commissions verbales ; Piontkowski avait retrouvé sa femme à Londres et se livrait, de concert avec elle, à de fructueuses escroqueries ; Santini qui, avant de quitter Sainte-Hélène, avait appris de façon imperturbable le texte de la protestation de l’Empereur contre le traité du 2 août, avait proposé pour but à sa ténacité corse d’y donner toute la publicité possible. Il était seul, il était pauvre, il ne parlait pas l’anglais. De heureux hasards le servirent : un de ses compatriotes qu’il rencontra dans une rue de Londres, le mena-t-il, comme il l’a dit, au colonel Wilson, ou, comme l’a prétendu Maceroni, se confia-t-il à cet étrange colonel auquel il aurait été adressé par les prisonniers, on ne sait trop, mais, selon toute probabilité, Wilson joua le premier rôle ; il se prêta à faire rédiger, sous la dictée de Santini, ce pamphlet en langues anglaise et française : Appel à la nation anglaise sur le traitement éprouvé par Napoléon Buonaparte dans l’île de Sainte-Hélène, qui eut sept éditions en moins de quinze jours ; enfin et surtout, il mena Santini chez Lord Holland. Celui-ci s’est défendu d’avoir tenu d’un domestique ses renseignements sur le captif et il a prétendu les avoir reçus d’ailleurs ; il n’a point nié avoir vu Santini et certains faits